كتبها د. فرج دردور ، في 8 ديسمبر 2011 الساعة: 06:19 ص
La langue arabe écrit
Dr. Farag
DARDOUR
L’écriture arabe serait née entre le 3ème et
le 7ème siècle. Selon C.-J. ROBIN (2002: 110), la première attestation de
l’écriture en langue arabe est apparue en 512 après J.C, en Syrie sous une
forme trilingue. Il s’agit d’un texte écrit en grec, en syriaque et en langue
arabe sur un linteau d’église.
La figure suivante montre une image contenant
le texte en trois langues parmi lesquelles l’arabe trouvé sur un linteau à
Zabad au sud est d’Alep en Syrie actuelle. L’image est extraite de la revue
Sciences et Vie parue en juin (2002: 110).
Le modèle utilisé ne comprend que dix-huit caractères servant à noter
vingt-huit phonèmes. Cette image est clarifiée par la figure suivante:
Il est clair d’après cette figure qu’il y a une très grande ressemblance
entre l’inscription trouvée à Zabad et l’écriture arabe originale proposée dans
la figure suivante. Notons que cette écriture se rapporte à une époque où il
n’y avait pas de points diacritiques pour distinguer les lettres et que
l’écriture arabe ne possédait aucun symbole pour noter les voyelles brèves et
hamza en milieu de mot.
L’arabe est une langue qui s’écrit
de droite à gauche, contrairement à l’alphabet latin. La majuscule n’existe pas
dans le système arabe et l’alphabet arabe était composé de 18 lettres avant les
rajouts des points au 7ème siècle, comme le montrent les dessins de la figure
suivante:
Selon C.
DHAYF (1992: 13), le grand grammairien Abu Al-’aswad Al-d’alī (décédé en 688) a
mis en place un style graphique pour faire en sorte que chaque son corresponde
à une lettre « idiogramme ». Pour cela, il a rajouté des lettres en puisant
dans cet alphabet. Il a rajouté des points au-dessus ou au-dessous de la
lettre. Un point ; deux et parfois trois.
L’écriture alphabétique a été inventée
par les Phéniciens qui se sont basés sur l’écriture des Sumériens et l’ancienne
écriture égyptienne, hiéroglyphique. Les Phéniciens ont mélangé les deux
caractères en les développant pour arriver enfin à une écriture typiquement
phénicienne qui est transcrite en fonction d’un ensemble de lettres dont
chacune représente un son, c’est-à-dire un phonème. Grace à leurs périples
commerciaux et leurs déplacements, les Phéniciens diffusèrent cette écriture
qui a été adoptée par la majorité des habitants de la région comme les Araméens.
Évolution entre araméen et nabatéen
Au 2ème siècle av. J.-C., les territoires
araméens ont été conquis par les Nabatéens qui ont adopté leur langue, culture,
mode de vie, art et architecture. Dans le diagramme ci-dessous de R. BLACHÈRE
(1990 :61), l’arabe écrit fait partie de l’ensemble des systèmes d’écriture
sémitiques.
Nous précisons que les Nabatéens avaient pour capitale Pétra qui se trouve
dans l’actuelle Jordanie. Cette capitale, selon BROCKELMANN, (1949 :11, etc.)
était un éminent centre de rayonnement culturel et économique pendant plus de
cinq siècles successifs. Grâce à sa situation géographique, elle a été un point de passage des caravanes
du Saba au Yémen et celles des tribus de la Méditerranée (les côtes de Syrie, Liban et Palestine).
D’après F. BRIQUEL-CHATONNET
(2004:29), les Nabatéens ont eu une grande renommée commerciale dans la région
du Moyen-Orient. Ils ont attribué une grande importance à l’écriture. Afin de
convertir leur langue orale à l’écrit, ils ont en effet adopté l’idéogramme
araméen. D’ailleurs, ce mélange de langue parlée nabatéenne et d’écriture
araméenne a donné naissance à l’écriture nabatéenne. Celle-ci a connu au fil du
temps un développement considérable vers des formes plus fines à caractères
géométriques variés et diversifiés. Après le déclin puis la disparition du
royaume araméen, l’écriture nabatéenne s’est imposée comme un style utilisé
dans le nord de l’Arabie.
Des études scientifiques
contemporaines portant sur la comparaison entre l’alphabet des langues sémitiques
du sud et celle de l’araméen et se référant à des écrits découverts récemment
montrent que l’écriture arabe est empruntée à l’écriture nabatéenne. Ceci est
rappelé dans la citation de R. BLACHÈRE et al. suivante :
« L’écriture arabe, le fait est aujourd’hui bien établi, dérive de la
cursive utilisée par les Nabatéens de Pétra, introduite en Arabie Occidentale,
notamment à la Mekke, au VI‛s. avant J.-C. au plus tard » R. BLACHÈRE et al.
(2004:16).
F. BRIQUEL-CHATONNET (2004:27)
rajoute que l’écriture arabe préislamique présentait une grande ressemblance
avec l’écriture nabatéenne. Parmi les grandes tribus qui ont excellé en
écriture, il y avait Al-ḥijāz (en Arabie saoudite) puisqu’elle représente
géographiquement un point de passage entre les régions du sud Yémen et celle du
nord (Cham). Cette particularité géographique et commerciale a permis une vaste
propagation de l’écriture nabatéenne et sa transmission au sud de la péninsule
arabique via Al-ḥijāz.
L’écrit préislamique
La manifestation la plus marquante de l’écrit,
en tant que tel, dans l’ère préislamique est le genre poétique, qui était
quelque chose de prestigieux voire sacré. L’exemple le plus concret en est la
décision d’accrocher les poèmes les plus célèbres sur les murs de la Kaaba à la
Mecque. Cette dernière même avant l’ère de l’islam était à la fois un grand
centre de commerce, d’échanges et un point de passage de rencontres des
voyageurs et des caravanes des nomades de la péninsule arabique du
Moyen-Orient. Les poèmes accrochés sur le mur de la Kaaba sont appelés les
al-mu‘allaqāt. Littéralement, ils signifient les « suspendues » et représentent
les meilleurs et les plus beaux poèmes choisis par les chefs de tribus. (A.
AL-ANDALUSI 1998 :306), Al-siyūṭī rapporte une version portant sur
l’appellation de ce genre de poèmes. Avec ces al-mu‘allaqāt, la langue arabe a
rehaussé le prestige de l’écrit. Il y avait
également des textes portant sur des accords de paix ou de non agression
entres les tribus. Il s’agit notamment de pactes et de sermons qui font état
des échanges commerciaux (AL-SIYUTI 1998 : 69, etc.). Nous pouvons ajouter que
les textes les plus importants à accrocher étaient les contrats commerciaux
rédigés par les caravanes appelées les caravanes d’été et d’hiver. Il s’agit
des deux grands voyages; le premier se passe en été et l’autre en hiver,
effectués entre le Yémen et le Cham. Finalement, cette écriture n’a pas cessé
de se développer et de se propager jusqu’à l’ère préislamique. Nous avons donc
dit que l’écrit était bel et bien présent, puisque les Arabes lui ont accordé
deux intérêts à double vocation : poétique et commerciale.
L’effondrement du plus ancien
barrage dans l’Histoire de l’humanité M’arab de Saba au Yémen en 575 de l’ère
J.C a poussé ses habitants à se disperser dans la presqu’île. Cet événement
historique a finalement permis à langue arabe de connaître une importante
propagation et une grande diffusion (R. BLACHÈRE 1990 :13).
Une nécessité religieuse
Comme nous l’avons indiqué
précédemment, l’ère préislamique est caractérisée par une tradition orale. Les
écrits se limitent dans les pactes, contrats, conventions et correspondances
entre les chefs de tribus. Après l’avènement de l’islam, l’écriture est devenue
une nécessité religieuse. Dès lors, les compagnons du prophète estimèrent que
l’écriture est le seul moyen pour sauvegarder le texte coranique. La venue de
l’islam constituait une vraie rupture et ceci est rapporté par A. ROMAN :
« Le Coran est la rupture par laquelle commence la nouvelle culture arabe
et musulmane, parce qu’il est la Rupture qui nie toute autre rupture. Le Coran,
néanmoins, ne pouvait être une rupture linguistique que sur le seul plan du
style. Le Coran, dans une autre langue, n’eût pas été reçu. Cependant les
Arabes musulmans, dans une démarche totalisante inspirée par le Coran, vont,
vers l’an 800 de notre ère, la déclarer instituée par Dieu Lui-même. Elle était
donc la langue prédestinée du Coran » A. ROMAN (1990 :5).
Le Coran codifié au 7ème siècle par le ẖalife
‘ṯmān, compagnon du prophète est énoncé dans une langue très proche de celle de
la poésie et des documents en arabe ancien. Cependant, ce texte a été révélé en
plusieurs lectures correspondant aux dialectes des principales tribus de la
péninsule, notamment Qurayš, Tamīm, Hadīl, Muḍar etc.
Les quatre Califes (632-660),
pendant leurs règnes, se sont intéressés à l’écriture et à la transcription du
Coran ainsi qu’aux paroles du Prophète ḥadīt. Ils ont également utilisé l’écriture
dans leurs correspondances officielles et dans des textes contenants des pactes
avec les autres tribus. De plus, l’Etat musulman a attribué un grand intérêt à
l’écrit comme étant une trace tangible. Il le considérait aussi comme un acte
crédible des diverses rédactions des dignitaires politiques et militaires des
Califes et Emirs des territoires de l’empire musulman (M. TABARI 1989 : 7,
etc.).
A l’époque des deux empires :
Omeyades et Abbassides, c’est une période dite de lumière connue pour ses
activités très intenses sur le plan culturel et intellectuel. Elle a généré
l’apparition de nombreuses écoles philologiques et philosophiques. En outre, il
y a eu l’apparition d’un large mouvement de traduction et d’interprétation en
langue arabe. Cependant, l’écriture et la publication ont connu leur apogée
avec d’imminentes élaborations portant sur le copiage de livres et œuvres
interprétés et traduits de langues étrangères comme le persan, le grec et le
latin, etc. Ces œuvres concernent, pour la plupart, des domaines scientifiques,
artistiques, littéraires et surtout philosophiques..
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire