dimanche 13 juillet 2014

للناطقين بالفرنسية نقدم: لغة القرآن بين الأصالة والاستشراق. بقلم/ د. فرج دردور

La langue du Coran
 
                     Rédigé par Farag DARDOUR

L’année 610 est une étape importante pour les Arabes, puisque c’est l’année de la Révélation du Coran au prophète Muḥammad et l’apparition de l’Islam.
Selon M. ELIADE, le Coran est un corpus qui par sa seule existence constitue un élément fondamental de cohésion linguistique. De plus, apparaissant comme la propre parole éternelle et immuable de Dieu, il prenait une valeur de norme définitive. Mais cette langue n’a pas réussi à s’implanter comme langue parlée. A. AL-SAMARAI a souligné que le brassage ethnique entre Arabes et non Arabes (perses et romains entre autres) durant cette conquête a eu une influence non négligeable sur l’arabe. Celui-ci s’est vu attribuer des prononciations différentes et des termes étrangers.
C’est ainsi que les grammairiens et philologues durant cette période avaient une volonté consciente d’organiser l’arabe. Mais leurs principales préoccupations étaient d’ordre religieux. Ce qui donna une impulsion à leurs recherches. Leur conception de cette langue avait une projection du caractère sacré du Coran sur la langue même. MALHERBE souligne dans le même sens que: «L’arabe a gardé intacte cette richesse grâce à la déclamation du Coran, qui se transmet identique de génération en génération. C’est ainsi qu’a été évitée une certaine usure phonétique constatée généralement dans les autres langues au cours de leur évolution. (….) L’arabe est maintenu très pur et unique grâce au Coran ».
Les philologues arabes ont entamé une vaste enquête qui a dépassé le cadre de l’analyse grammaticale et lexicale du Coran, afin de constituer un corpus complet de l’arabe. Ils ne se limitèrent pas uniquement aux hadiths du prophète transmis par la tradition orale et aux poésies anciennes, mais ils ont aussi étendu leurs recherches à tout lexique existant dans les dialectes des tribus réputées être d’origine arabe tels que : Quṣaī, Asad, Hadīl, Tamīm, et une partie du Kināna. Ce travail qui a duré prés d’un siècle a permis de rédiger l’essentiel d’une grammaire originale. D. COHEN ajoute dans ce sens : « C’est grâce à ce travail qu’en un siècle fut établi l’essentiel d’une grammaire qui constitue l’un des chefs-d’œuvre historiques de science du langage, et d’une somme lexicale d’une stupéfiante richesse ».
La progression de l’islam nécessitait et exigeait de produire une grande évolution du vocabulaire. Selon A. AL-JUNDI, en raison de la gestion du domaine islamique, en parallèle avec l’évolution des connaissances scientifiques et culturelles, l’arabe a été contraint d’intégrer des termes concrets de diverses origines. Pour les termes abstraits, les philologues ont dû recourir à des adaptations de vieux termes à des significations nouvelles, à des néoformations par dérivation et à toute forme de calques sur des termes étrangers.
Depuis la période des Omeyades et surtout dans celle des Abbassides (661-1258), la civilisation musulmane a connu un essor culturel et fabuleux. D’innombrables ouvrages ont été publiés, à partir du 7ème siècle, comme par exemple l’œuvre de al-‘yn de Al-farāhīdī, al-kitāb de Sibawayh, al-ẖaṣā’iṣ de Ibn-jinnī et al-muzhar  de Al-siyûṭī.
Néanmoins, l’arabe a commencé à décliner lorsque le pouvoir de l’empire musulman est passé aux mains des dynasties non arabes. En effet, elle a perdu son statut de langue officielle et elle est restée une langue se rapportant à la religion. D’ailleurs COHEN confirme cette réalité : « À partir du XIIIe siècle, l’hégémonie sur l’empire musulman passe à des dynasties non arabes. Demeuré langue religieuse, l’arabe n’est plus langue officielle que dans une partie du domaine. La littérature d’expression arabe entre progressivement en léthargie, et la langue littéraire cesse d’évoluer, sauf pour s’encombrer d’un très grand nombre de vocables étrangers ».
Ce phénomène de modification n’est pas uniquement au niveau de l’oral, mais pour l’écrit aussi, comme le souligne BROCKELMANN lorsqu’il dit : « L’arabe est la langue littéraire de l’Islam. Légèrement modifié dans son écriture au XIIIe siècle par le persan, le mongol et le turc, qui l’adoptèrent comme langue officielle du Coran ».

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