lundi 18 février 2013

اللغة العربية بين القدم والحداثة، للناطقين بالفرنسية، إعداد/ د. فرج دردور

DE L’ARABIYA À L’ARABE MODERNE

         Rédigé par D. Farag DARDOUR

     A l’exception de quelques langues différentes telles que le berbère, les Arabes disposent de trois niveaux de la langue arabe: l’arabe classique, l’arabe dialectal et l’arabe standard ou moderne utilisé dans les médias. "L’arabe classique" était la langue de quelques tribus nomades de la péninsule arabique. Il n’était pas uniquement utilisé comme langue quotidienne des anciens mais aussi comme support dans la littérature sous toutes ses formes. Selon D. COHEN (1996:707), « aux environs du 6èm siècle de l’ère chrétienne, au moment où nous en saisissons les premières manifestations, et jusqu’au début du 7èm siècle, l’arabe était l’idiome de quelques tribus nomades pour la plupart, errant dans les immenses déserts de l’Arabie, et dont seule une petite fraction s’était sédentarisée dans des oasis». Durant la période d’épanouissement de la civilisation arabo-islamique et à partir du 9ème siècle, l’arabe est devenu la 1ère langue dans les différentes sciences et cultures. Aujourd’hui, l’arabe ancien ou classique n’est utilisé que dans la littérature et le Coran.
     "L’arabe standard" n’est que la continuité de ce qui existait lorsque la civilisation arabo-islamique était à son apogée, avec une dualité linguistique (arabe classique et dialectes tribaux). Il dérive de l’arabe classique: c’est-à-dire un arabe régi par les mêmes règles morphosyntaxiques mais qui a subi une évolution sémiologique et sémantique, en laissant tomber en désuétude un grand nombre de tournures syntaxiques et lexicales. L’arabe littéral, unifié ou standard est une variante de l’arabe qui est la langue officielle.
     "L’arabe dialectal" résulte à la fois de la fragmentation de l’arabe du 7ème siècle et de la fusion des parlers provenant des conquêtes militaires et des brassages de population des langues sud-arabiques, berbères, africaines, etc. Ces variétés dialectales sont, de nos jours, extrêmement nombreuses et persistent dans tout le monde arabe. Le dialectal est la langue parlée par tous les habitants d’un pays donné et peut comporter des variations régionales comme en Libye. Excepté les mots étrangers, nous trouvons l’origine de son vocabulaire dans le dictionnaire de l’arabe. Mais l’arabe dialectal a subi une grande modification morphosyntaxique en se débarrassant de plusieurs règles grammaticales de la langue classique ou moderne.   C’est donc une langue exclusivement parlée dont les variétés sont rarement incompréhensibles entre les arabophones. On distingue principalement l’arabe égyptien, marocain, algérien, irakien, palestinien, jordanien, libanais (ou syro-libanais), libyen, omanais, mauritanien, saoudien, tunisien, syrien (ou syro-libanais), yéménite et tchadien, etc. Mais la réalité linguistique arabe peut apparaître encore plus complexe. Par exemple, l’arabe parlé à Tripoli, la capitale de la Libye, est différent de celui de Bengazi, la seconde ville du pays. Dans plusieurs pays arabes, il existe des variétés dialectales différentes en usage selon les régions. Les dialectes qui varient d’un pays à un autre sont employés au quotidien entre les interlocuteurs. Ils ne sont pas utilisés dans les discours officiels.
     Aujourd’hui la langue arabe (classique ou standard) est la langue officielle de 23 pays. Elle est principalement utilisée par plus de 377 millions de personnes en Afrique et en Asie. D. COHEN (1996: 708), « Or, brusquement, au début du 7ème siècle, débordant ses déserts primitifs, cet idiome obscur allait, en l’espace de quelques décennies, se trouver porté jusqu’aux confins d’un immense empire recouvrant le Proche-Orient, l’ensemble de la bordure méditerranéenne de l’Afrique, l’Espagne, la Sicile, Malte…», l’arabe a acquis une place universelle depuis les expéditions scientifiques venant de différents pays européens, notamment des centres culturels de Cordoue, Barcelone, Grenade. Il a intégré l’Europe par l’Andalousie (Espagne) et la Sicile (Italie).
     Ces recouvrements de l’arabe dans ces immenses régions du monde a contribué à introduire des termes arabes dans les langues de ces pays. Dans ce sens,  H. WALTER (2007) indique que beaucoup de termes arabes ont été intégrés par la langue française. L’adoption des chiffres arabes en Europe à contribué au développement de la civilisation européenne moderne. La langue et les lettres arabes ont été bien assimilées et prises en compte par les peuples de ces pays. L’arabe est devenu par là, universel comme étant langue de culture, d’administration, de commerce, de correspondance et un moyen de communication internationale.
     L’Assemblée Générale de l’ONU a décidé, en audience plénière n° 2006 le 18 décembre 1973, de l’introduction de la langue arabe au même titre que les autres langues officielles au sein de l’assemblée et ses principales commissions. C’est ce qui est confirmé par M. MALHERBE (1995 :223), dans son ouvrage, La langue de l’humanité lorsqu’il dit de l’arabe: « (…) une langue parlée par près de 150 millions de personnes, ce qui la place au 6ème rang dans le monde, derrière l’espagnol et le russe et nettement devant le français et l’allemand. C’est, depuis 1974, la 6ème langue des Nations Unies.
     Mais l’importance de la langue arabe, par son influence culturelle et religieuse, est encore beaucoup plus considérable.»
     Selon K. ABDULKARIM (2003 : 12 etc.),  des centres spécialisés de l’enseignement de l’arabe ont vu le jour dans les centres scientifiques à Paris, à Oxford et à Rome. L’arabe a donc imprégné d’autres sociétés dont beaucoup de pays européens à ce jour.
     Mais cela ne signifie pas que l’arabe ne rencontre pas de difficultés dans sa pratique chez les Arabophones. En effet, il continue de souffrir de l’impact du bilinguisme et de la diglossie d’une part, et d’autre part du manque de moyens dans l’enseignement. Toutes ces raisons, nous ont poussé, en tant qu’enseignant de l’arabe en Libye, à réfléchir sérieusement sur l’enseignement/apprentissage de l’arabe en adoptant une nouvelle méthodologie qui répond à la réalité locale.
    Le Ministère Libyen de L’éducation a mis en place une stratégie pour développer l’enseignement dans tous les domaines des Sciences et de la Technologie. Cette stratégie a pour objectif de construire l’avenir de l’éducation et de l’enseignement en Libye dans ces domaines. Malgré les ressources budgétaires importantes, l’application de cette stratégie, à ce jour, n’a pas atteint le niveau souhaité par l’Etat. Si cette situation venait à perdurer, la Libye perdrait beaucoup d’opportunités pour la construction et le développement durable, et resterait à la traîne loin derrière un monde qui bouge vite dans ces domaines.
     Les chercheurs détiennent une part de responsabilité pour pallier à cet handicap et ils peuvent avancer progressivement dans la mesure où ils disposent d’une réelle volonté intellectuelle. Cela peut se faire par une première action qui est celle d’accorder de l’importance au potentiel humain, les apprenants et les enseignants. Pour la prospérité et le développement durable d’une société, il faut donc un enseignement adapté à ses besoins, répondant aux exigences de notre ère et s’adaptant aux changements continus, sinon il sera voué à l’échec.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire